Il faut, pour monter chez eux, quitter l’A84 qui double le Mont Saint Michel et s’engager dans la verte campagne, sinuer entre rivières et villages nichés au creux d’un bocage saccagé et affronter les hauteurs toute relatives qui dominent la baie. En suivant la petite route raide qui grimpe sur la colline, on débouche, dès la crête franchie, sur un creux boisé, inespéré dans la plaine remembrée que l’on vient de quitter. Là s’est blottie la ferme de la Binolais, aussi naturellement qu’un chat dans son panier. La commune s’appelle Saint Senier de Beuvron, nous sommes à un jet de pierre de la Bretagne.

Émilie et Charles nous accueillent alors qu’ils viennent de finaliser la commande pour le GIE. Nous, on leur apporte la nôtre car on ne pourra pas assister au chargement à Torigny, le lendemain (Emilie m’a gratifié d’un « Aaaaaaaah les p’tits MALINS!!! » quand je lui ai demandé si on pouvait leur emmener en même temps que venir les interviewer). Nous nous installons à table, armés de théières fumantes, et c’est parti pour l’interrogatoire. Je me régale toujours à voir l’humilité de souche qui gagne tout paysan dès lors qu…

 

source : Émilie Dufour et Charles Tilard-Tête - Ferme de la Binolais