Ciné-débat « Une fois que tu sais » à Nanterre le 22 mai 2025

Projection du film d’Emmanuel Cappelin (2021), suivie d’un temps d’échange animé par Françoise Caclin, guide nature, militante, animatrice de fresques (Climat, Biodiversité) et de la Marche du Temps Profond.

Quelques réflexions extraites du film (notées le plus fidèlement possible)

JM Jancovici : Transformer le monde avec de moins en moins d’énergies fossiles est au centre de toutes les affaires sérieuses… Sans vision c’est le chaos qui règlera la situation… La question est de savoir si on veut le changement avec nous ou sans nous… En général on observe 3 modes de régulation quand le changement se fait sans nous : l’oppression politique (avec guerres), la famine et la maladie… Le problème c’est de réapprendre à vivre en univers contraint, avec ses limites…  Notre filet de sécurité est le nombre de gens autour de nous prêts à s’entraider… créer un tel réseau est une forme de résilience plus élevée que l’idée d’aller s’isoler sur une île avec une carabine… créer un système dans lequel on n’est jamais tout seul, constitué de petites unités productives, moins performantes mais plus résilientes car elles couvrent un plus grand nombre de fonctions et sont plus distribuées sur la planète, qui communiquent entre elles et s’échangent des trucs essentiels…

 

source :

P Servigne : Une fois qu’on sait, qu’est-ce qu’on fait ? …Il faut créer de l’énergie collective, une culture d’entraide / altruisme / solidarité / mutualisme pour désamorcer un climat de violence qui risque d’arriver, avant qu’un tissu social ne s’effondre… Faire ce qui nous semble juste et ancré, et « Y aller! » avant que ça foire !… Installer une transition douce avant que des mesures radicales soient nécessaires (« dictature verte »). S’inventer de nouvelles règles, s’imposer collectivement ce qu’on ne sait pas s’imposer à soi-même…

R Heinberg (USA) : Il faut faire de notre mieux dès maintenant afin de sensibiliser et de créer des exemples de mode de vie durable… réduire la souffrance humaine et préserver les écosystèmes du mieux qu’on peut… plus on sera nombreux à s’engager, à créer de la résilience et à agir avec empathie, voire même un peu de sagesse, mieux on s’en sortira tous… 

E Cappelin : Créer une nouvelle forme de démocratie locale dans la commune, plus directe, moins représentative, où on débat plus, où on décide ensemble… exemple de Saillans, petite commune, où un parrainage d’immigrés par des binômes citoyen-élu municipal a été créé… 

S Huq (Bangladesh – GIEC) : Il est important de trouver pour chaque individu un déclencheur émotionnel qui lui permettra de saisir ce qu’implique pour lui le réchauffement climatique… Les pauvres subissent aujourd’hui, les riches subiront demain… L’avenir de l’homme peut prendre deux directions possibles : soit on optera pour la solidarité, soit on fera scission entre les riches et les pauvres, entre les différents pays (avec guerres pour les ressources naturelles), et on ne pourra plus stopper les flux migratoires… On sacrifiera une part grandissante du monde, pour permettre à un petit nombre de continuer à vivre dans un monde-forteresse… Il faut identifier les ennemis pour passer à la vitesse supérieure : principalement les industries polluantes qui investissent toujours dans les sources d’énergie fossile et qui devraient être reconnues comme criminelles. Nous devons nous assurer qu’elles ne pourront pas empêcher le futur d’exister. Il faut les affronter,  protester, quitte à se faire arrêter… « NOUS SOMMES LA NATURE QUI SE DEFEND ! »

S Moser (Allemagne – GIEC) : Pour arriver à agir avec d’autres personnes il faut comprendre comment ça fonctionne, à l’intérieur… Il y a un moment où, les problèmes empirant, on réalise qu’on ne peut pas continuer comme ça sans aller à l’anéantissement. On doit réfléchir, faire des choix qui changent notre vie (qu’est-ce qui vaut d’être conservé?)… on descend une pente vers l’incertitude, l’inconnu, comme dans un état de mort et jusqu’à un seuil où il nous faut revenir à la vie : on remonte la pente. Alors on découvre des choses très profondes, sur ce qu’on est vraiment ou ce qu’on veut mettre en œuvre…

Lancement d’un happening à Paris : « QUAND L’ESPOIR MEURT, L’ACTION COMMENCE… »

Le mot de la fin (E Cappelin) : « Parce que la désobéissance civile ne suffira sans doute pas à éviter l’effondrement climatique, aujourd’hui il nous faut inventer des récits où, en se préparant ensemble, on préparerait aussi le monde d’après. Des récits terrestres et cycliques. Notre résilience passerait d’abord par la relocalisation. Des récits collectifs, humbles et joyeux. Saurais-je faire confiance à mes voisins ? Saurais-je être digne de leur confiance ? Avec eux j’ai envie d’imaginer ce que pourrait être la politique de l’effondrement, une politique portée par tous, courageuse, qui rendrait concrets des mots comme biorégion, autonomie alimentaire, descente énergétique, rationnement solidaire, ou encore adaptation profonde. Un jour, sortis des cendres et du chaos de l’effondrement, nos enfants forgeront-ils une identité à la fois locale et planétaire, fondée sur l’acceptation des limites de la terre? Je l’ignore, mais je sais que par nos engagements et nos renoncements nous donnons un peu de beauté, de dignité et de sens, à nous tous qui en avons si cruellement besoin. » 

Revoir ou partager le film : accessible en VOD sur www.boutique.arte.tv

Pour aller plus loin, 2 livres, des ateliers « Fresque » et un « Think tank » :

– Le pouvoir du suricate, de Pablo Servigne (2024)

– L’espérance en mouvement, de Joanna Macy et Chris Johnstone (2018)

– Les « Fresque des Nouveaux récits » et « Fresque des Imaginaires » pour envisager un futur qui donne envie de se battre             (ateliers à l’Agora de Nanterre, l’Académie du climat à Paris, …)

– L’Institut Rousseau (voir sur leur site un article de Ilian Moundib sur « l’institutionnalisation de l’entraide »)

Que faire ici et maintenant ? Des idées pour AGIR :

– Freiner la destruction de la nature :

Quitter les grosses banques trop engagées dans les énergies fossiles (un vrai défi : obliger le monde financier à changer de système …voir www.bonpote.com , www.france.attac.org).

Diminuer sa propre consommation de ressources naturelles  www.epargnonsnosressources.gouv.fr,  et encore le vrai défi : www.greenpeace-energies-fossiles-stop-a-l-expansion .

« La condition nécessaire et indispensable de nos futures victoires repose sur la force du nombre«  (Agir pour l’environnement) : donner du poids aux campagnes, pétitions, manifestations citoyennes, actions de désobéissance civile …en allant sur le terrain ou en soutenant à distance, par exemple Agir pour l’environnement, ATTAC, 350.org, Les amis de la terre, Bloom, Canopée-Forêts vivantes, Extinction-Rebellion, Geenpeace, Les soulèvements de la terre via l’Association pour la défense des terres, …. (www.ecolopedia.fr)

– Agir pour la nature avec

La plateforme www.jagispourlanature.org 

Le Musée National d’Histoire Naturelle : « Vigie-Nature  » un programme de sciences participatives

L’Office Français de la Biodiversité :  www.agirpourlabiodiversite/les-gestes du quotidien

France Nature Environnement (FNE) et ses dossiers, dont <10 conseils pour agir et preserver l’ocean>,

Rejoindre une association

proche de chez soi : voir les différentes propositions d’action de Nanterre en transition et de ses associations adhérentes, et aussi celles de groupes locaux comme – ATTAC 92, FNE 92, Que Choisir 92, Sauvegarde Forêts IDF, The Shifters de Rueil-Malmaison (en lien avec le Shift Project créé par JM Jancovici),  …

…qui fait du plaidoyer (pour modifier les lois) et dont l’objet nous tient plus particulièrement à coeur, par exemple :

ASPAS et ses « Réserves de Vie Sauvage »,

Bloom contre la destruction de l’océan, du climat et des pêcheurs artisans (Rejoignons www.oceancoalition.org),

Canopée-Forêts vivantes,

Générations futures contre les pollutions chimiques et pour les droits des victimes (+ coalition Secrets toxiques),

FNE pour la protection de l’environnement,

Réseau pour les Alternatives Forestières (RAF ) qui aide, avec Forêts partagées, à la promotion de groupements citoyens qui placent leur épargne dans l’acquisition de forêts menacées (GFCE),

Terre de liens qui « fait pousser des fermes  » et sensibilise les élus à l’agroécologie et à la préservation du foncier agricole,

Wild legal pour la défense des droits de la nature (et notamment de l’océan),  …

– Voyager autrement  www.greenpeace.fr-le-tourisme-responsable , www.france.fr-voyager-durable-en-france .